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Le Golfe du Poitou appelé Golfe des Pictons hérité de la fin de la Préhistoire a été peu à peu transformé. Les hommes qui ont habité cette région sont des maraîchins tenaces qui ont peu à peu modelé des marécages inondés chaque année. Dès le Moyen-Age, les moines ont imaginé des canaux, des digues et des portes à la mer pour limiter l’influence des crues, des marées et de l’envasement venant de l’océan tout en facilitant la navigation. Les huttiers et cabaniers pendant des siècles ont su lutter contre les eaux. Cette zone difficile d’accès, ce refuge, a facilité le passage clandestin des protestants sous Louis XIV et a ensuite accueilli des victimes de la Révolution et de l’Empire. Au début du XXème siècle, après l’aboutissement d’énormes travaux hydrauliques dirigés par les ingénieurs, le marais est devenu une région agricole prospère. On a ainsi pu développer grâce à cette terre riche en humus des cultures, notamment les fameuses mogettes (haricots blancs). On a planté des peupliers et vu naître des scieries mécaniques importantes. Le bri, l’argile d’origine marine, a longtemps alimenté des tuileries. L’élevage a permis l’installation de nombreuses laiteries coopératives. Toutes ces activités n’ont plus la même place aujourd’hui et certaines ont quasiment disparu. Par contre, le tourisme occupe une place importante dans le Marais Mouillé promu au rang de « Venise Verte » en 1902. La partie de Marais Desséché reste avant tout agricole. Le Marais Poitevin avec environ 100 000 hectares, s’étend sur trois régions historiques : le Poitou , l’Aunis et la Saintonge   .

Le Marais s’étend aujourd’hui sur deux régions administratives (Pays de Loire et Poitou-Charentes) et trois départements ( Vendée , Charente –Maritime , Deux-Sèvres).La Sèvre Niortaise , colonne vertébrale du marais .Avec ses affluents elle constitue la zone des Marais Mouillés

 

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Les Vikings, ces envahisseurs en remontant la Sèvre ont pillé et détruit les villages à leur portée et les « colliberts » leur ont opposé une sérieuse résistance selon le moine Pierre de Maillezais. Les seigneurs se retranchent dans des mottes fortifiées ; c’est le début des châteaux forts.

Vers l’An mil, les plus pauvres et rebelles, les colliberts* profitent de l’abondance des herbages et des poissons pour survivre dans des conditions difficiles. Après l’An Mil des canaux sont creusés pour faciliter l’écoulement de l’eau vers la mer. Les maraîchins commencent par exploiter les parcelles les plus proches de l’ancien littoral que leur cèdent seigneurs et abbayes ; il leur fallait, malgré tout, payer des redevances en leur donnant une partie des récoltes

   Le marais a été créé de toutes pièces par les mains de l’Homme depuis des siècles. C’est donc en luttant contre la nature qui apportait d’une part, les alluvions venant de la source (le bassin versant) et d’autre part, l’envasement venant de l’océan avec un retrait de celui-ci, régulé et amplifié par le cycle des marées qu’il a son visage actuel.

Mars 2012 Retouche

Les premiers aménagements hydrauliques importants (canaux et digues) sont initiés par les moines des abbayes et les seigneurs les plus novateurs. Ce réseau, quelques siècles plus tard, a été abandonné et détruit lors de la Guerre de Cent Ans et des Guerres de religion. Il a fallu attendre Henri IV pour réparer et créer la base du réseau de digues et de canaux actuels ; pour ce faire des investisseurs et des spécialistes hollandais ont été encouragés par le roi dans leurs travaux de dessèchement ; ce qui explique les noms des « Canal des Hollandais et Levée de Boëre ». De riches seigneurs et financiers du Poitou et de la Cour royale se lancent dans ces grands travaux pendant la deuxième moitié du XVIIe siècle. Au XIXe siècle, les ingénieurs des Ponts et Chaussées créent un véritable réseau navigable dans tout le bassin de la Sèvre et même sur le pourtour de la Baie de l’Aiguillon.

Ces travaux ont eu comme conséquence de diviser clairement le Marais Poitevin en deux zones : Le Marais Desséché s’étend de l’ouest de la baie de l’Aiguillon jusqu’à Vix, protégé d’une part par les digues côté océan atlantique, formant ainsi un immense polder et par des levées de terre en amont protégeant des crues. Le Marais Mouillé souvent dénommé « Venise verte », à cause de son réseau très dense de canaux, forme un paysage typique, calme ; un bocage reposant, une « cathédrale de verdure » à la végétation luxuriante dans cet environnement unique aujourd’hui apprécié par les touristes qui viennent de plus en plus nombreux visiter ce joli coin de France.